Témoignages des jeunes sur les sacrements pour l’exposition du Père Yves Bertrais

Je suis Paj Nag YANG, je suis née il y a 23 ans et j’ai grandi ici à Orléans. Mes parents ont décidé de me faire baptiser bébé et j’ai suivi le catéchisme jusqu’à ma confirmation. Tout comme mes deux grands frères aussi.

Tout restait encore flou pour moi dans mon cheminement dans la foi ; je me posais souvent des questions à savoir si Jésus et la Vierge Marie étaient vraiment là, à mes côtés.

Un jour, j’ai fait un rêve ; j’ai vu un monde devenir un désastre puis c’est là que la Vierge Marie d’une lumière éblouissante me disait : « Venez mon enfant, je vous protègerai. » Ces paroles m’ont beaucoup réconfortée. Depuis ce jour, j’ai entendu et je cherche à comprendre ce qui travaille mon coeur. J’ai eu envie de concrétiser ce qui nourrit ma foi en formant un petit groupe de choral avec quelques jeunes Hmong de mon entourage.

Par le biais du chant religieux, je cherche à grandir dans ma foi. Par les chants en hmong, cela m’aide à mieux comprendre ma langue maternelle et à la perfectionner. Je choisis ce chemin de foi comme pour répondre à ce que j’ai vu et entendu dans mon rêve.

La jeune génération de maintenant ne donne plus trop d’efforts sur nos traditions, nos cultures et même la langue, donc si on ne fait rien pour les plus jeunes, il y aura encore plus de personnes Hmong ignorant leurs propres racines et origines. Il me semble très important pour nous de pouvoir communiquer et transmettre à nos générations futures tous ces savoirs afin de ne pas perdre nos origines et de savoir qui on est et d’où l’on vient.

Avec le temps, la transmission seule par l’oral peut tomber dans l’oubli, donc pour mieux comprendre il faudrait aussi pouvoir mettre par écrit en français et en Hmong.

Nous sommes profondément reconnaissants envers les Pères Bertrais et Charrier qui nous ont donné le moyen de communiquer autant à l’écrit qu’à l’oral cette magnifique langue qu’est le Hmong. En effet, aujourd’hui, les aînés ne communiquent qu’avec cette langue et sans trace écrite ni traduction, nous, les enfants, serions incapables de comprendre sa signification.

Je m’appelle Cua Tshiab Catherine VANG, je suis une jeune femme Hmong née aux États-Unis et ayant grandi en France depuis l’âge de sept ans. Mon parcours est marqué par une double identité culturelle et spirituelle qui a façonné ma vision du monde et de moi-même.

Mon appartenance à la communauté Hmong est quelque chose de complexe. Bien que je sois fière de mes origines, je ne me suis jamais sentie particulièrement proche de la culture hmong. Ayant quitté les États-Unis à un jeune âge, mes souvenirs de la vie dans la communauté Hmong sont flous. En France, bien que ma famille ait maintenu certaines traditions, mon quotidien était largement influencé par la culture française.

Vivre en France m’a offert une perspective unique. J’ai grandi en naviguant entre deux mondes : celui de ma famille, riche en traditions et en histoire hmong, et celui de mes amis et de l’école, imprégné de valeurs et de coutumes françaises. Cette dualité a souvent créé un sentiment d’écart, comme si j’étais constamment en équilibre entre deux identités sans jamais pouvoir m’ancrer pleinement dans l’une ou l’autre.

Mon parcours chrétien ajoute une autre dimension à cette complexité. Je suis baptisée, mais je ne suis pas pratiquante. J’ai fait le choix d’être baptisée à l’âge de 15 ans, j’ai donc fait le choix de travailler ma foi chrétienne, mais je n’ai pas réussi à la développer au fil des années. Mon engagement chrétien se manifeste davantage dans des valeurs et des principes moraux que dans une pratique religieuse régulière. La spiritualité, quant à elle, garde une place très importante dans ma vie.

Aujourd’hui, je continue de naviguer entre ces différentes facettes de mon identité. Je me rends compte que mon appartenance à la communauté Hmong ne se mesure pas uniquement par ma proximité culturelle ou linguistique, mais aussi par l’héritage et les valeurs transmis par ma famille. De même, mon parcours chrétien, bien que non conventionnel, m’accompagne et me guide à ma manière.

Au-delà de mes origines et de ma foi, je suis profondément ouverte à la diversité du monde. Je crois fermement en l’importance de la tolérance et du respect envers toutes les cultures et religions. Mon vécu m’a appris que chaque personne a une histoire unique, et c’est en étant ouverts et tolérants que nous pouvons véritablement comprendre et apprécier cette richesse.

En fin de compte, je suis une jeune Hmong, Française d’adoption, et chrétienne par tradition et par choix moral. Mon parcours est unique, fait de croisements et de rencontres entre différentes cultures et croyances. Et c’est cette diversité qui enrichit ma vie et forge mon identité.

Je souhaite, à travers mon témoignage, démontrer que les origines et les croyances des autres peuvent différer des nôtres sans pour autant qu’elles cherchent à nous influencer. Il est essentiel de respecter les choix de chacun et de les accueillir avec bienveillance.

Je suis Quentin CHA, né dans une famille hmong catholique. J’ai quinze ans et je suis l’aîné de trois enfants.

Malgré mon jeune âge, j’ai la responsabilité de mon frère de deux ans de moins, atteint d’une maladie génétique rare, et de ma petite sœur de six ans.

J’ai été baptisé dès l’enfance et c’est peu à peu au fil des années que ma foi s’est réellement construite.

Un rêve marquant, à l’âge de trois ans, où je voyais Jésus crucifié, a éveillé en moi des questions profondes sur le sens de la souffrance et de la mort.

Mes expériences à l’aumônerie où j’ai fait ma profession de foi et ma confirmation avec Monseigneur Blaquard. Les pèlerinages à Vézelay, au Mont St Michel et à Taizé.

Ces moments forts de partage et de fraternité m’ont marqué et m’ont donné les bases de ma foi.

Concernant mon identité, j’ai grandi dans un environnement multiculturel, enfant, je parlais un peu hmong, mais j’ai vite oublié. Aujourd’hui, je comprends quelques mots et phrases, mais je ne parle pas couramment.

Récemment j’ai découvert la bande dessinée « Hmong” de Vicky Lyfoung. J’ai vraiment pris conscience de l’histoire de mon peuple et de tout ce que mes ancêtres ont traversé. Grâce à ce récit, je me sens plus connecté à mes racines et fier de mon héritage hmong.

Je souhaite continuer à explorer mes racines hmong et à approfondir ma foi catholique. Je crois que ces deux aspects de ma vie sont complémentaires et m’enrichissent.

Je suis convaincu que l’avenir est prometteur et que je peux contribuer à un monde meilleur, en étant fidèle à mes origines et à mes valeurs.

Cécile YANG