Voici les lectures de ce dimanche 08 Décembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« Dieu va déployer ta splendeur » (Ba 5, 1-9)
Lecture du livre du prophète Baruc
Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel. Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu, pour toujours, te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ». Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. Sur l’ordre de Dieu, les forêts et les arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)
R/ Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! (Ps 125, 3)
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie.
Alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !
Ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert. Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie.
Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.
Deuxième lecture
« Dans la droiture, marchez sans trébucher vers le jour du Christ » (Ph 1, 4-6.8-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères, à tout moment, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est avec joie que je le fais, à cause de votre communion avec moi, dès le premier jour jusqu’à maintenant, pour l’annonce de l’Évangile. J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. Dieu est témoin de ma vive affection pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Ainsi, serez-vous purs et irréprochables pour le jour du Christ, comblés du fruit de la justice qui s’obtient par Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 1-6)
Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia. (cf. Lc 3, 4.6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Voici les lectures de ce dimanche 01 Décembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« Je ferai germer pour David un Germe de justice » (Jr 33, 14-16)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda : En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en sécurité, et voici comment on la nommera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 24 (25), 4-5ab, 8-9, 10.14)
R/ Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu. (Ps 24, 1b-2)
Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve.
Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.
Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois. Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance.
Deuxième lecture
« Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seigneur Jésus » (1 Th 3, 12 – 4, 2)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen.
Pour le reste, frères, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons, oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus. Vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.
Alléluia. Alléluia. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Alléluia. (Ps 84, 8)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Voici les lectures de ce dimanche 24 Novembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel
Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5)
R/ Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence. (Ps 92, 1ab)
Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force.
Et la terre tient bon, inébranlable ; dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es.
Tes volontés sont vraiment immuables : la sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps.
Deuxième lecture
« Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
À vous, la grâce et la paix, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)
Alléluia. Alléluia. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia. (Mc 11, 9b-10a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Voici les lectures de ce dimanche 17 Novembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« En ce temps-ci, ton peuple sera délivré » (Dn 12, 1-3)
Lecture du livre du prophète Daniel
En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci. Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11)
R/ Garde-moi, mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. (Ps 15, 1)
Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
Deuxième lecture
« Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie » (He 10, 11-14.18)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Dans l’ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie.
Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour le péché.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » (Mc 13, 24-32)
Alléluia. Alléluia. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme. Alléluia. (cf. Lc 21, 36)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »
Voici les lectures de ce dimanche 10 Novembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)
Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là, le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10)
R/ Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur ! (Ps 145, 1b)
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger.
Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant. D’âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, ô Sion, pour toujours !
Deuxième lecture
« Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)
Alléluia. Alléluia. Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia. (Mt 5, 3)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Voici les lectures de ce dimanche 03 Novembre 2024 proposées par le site AELF.ORG
Première lecture
« Écoute, Israël : Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur » (Dt 6, 2-6)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu. Tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils, tu observeras tous ses décrets et ses commandements, que je te prescris aujourd’hui, et tu auras longue vie. Israël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité, dans un pays ruisselant de lait et de miel, comme te l’a dit le Seigneur, le Dieu de tes pères. Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.
Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab)
R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)
Je t’aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !
Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur, je suis sauvé de tous mes ennemis.
Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher ! Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire, Il donne à son roi de grandes victoires, il se montre fidèle à son messie.
Deuxième lecture
« Jésus, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas » (He 7, 23-28)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, dans l’ancienne Alliance, un grand nombre de prêtres se sont succédé parce que la mort les empêchait de rester en fonction. Jésus, lui, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas. C’est pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
C’est bien le grand prêtre qu’il nous fallait : saint, innocent, immaculé ; séparé maintenant des pécheurs, il est désormais plus haut que les cieux. Il n’a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses péchés personnels, puis pour ceux du peuple ; cela, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. La loi de Moïse établit comme grands prêtres des hommes remplis de faiblesse ; mais la parole du serment divin, qui vient après la Loi, établit comme grand prêtre le Fils, conduit pour l’éternité à sa perfection.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain » (Mc 12, 28b-34)
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
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Être Hmong, c’est bien plus qu’une simple origine. C’est une histoire, une communauté, une culture riche et une langue unique qui traverse les générations. Mais dans un monde en constante évolution, comment les jeunes Hmong trouvent-ils leur place au sein de cette identité complexe ? Cette exposition explore les défis et les opportunités auxquels sont confrontés les jeunes Hmong d’aujourd’hui, tout en mettant en lumière l’importance de préserver et de transmettre leur héritage culturel
I. QUELLE EST MA PLACE AUJOURD’HUI ?
L’identité hmong
Être Hmong, c’est s’inscrire dans une lignée millénaire, célébrer une culture sans frontières et perpétuer un héritage précieux.
Plongeant dans les montagnes du Sud de la Chine, l’histoire des Hmong traverse les âges, tissant un récit de résilience et d’adaptation.
Loin de se définir par un territoire, l’identité Hmong se forge à travers la diaspora (dispersion d’une communauté), unie par une culture vibrante qui transcende les frontières nationales.
Traditions ancestrales, artisanat raffiné et polyphonies envoûtantes composent un patrimoine riche et précieux, préservé avec passion par les générations Hmong.
Nés de parents Hmong, les individus héritent d’un nom de famille paternel et d’une langue unique, piliers de leur identité et vecteurs de leur culture.
La langue Hmong, vecteur de l’âme du peuple, reflète sa cosmovision (conception du monde) et ses valeurs profondes, tandis que le nom de famille paternel tisse le lien entre les générations, assurant la continuité de l’héritage.
Les multiples facettes de l’intérêt pour l’identité et la culture Hmong
L’identité et la culture Hmong sont profondément ancrées dans le quotidien de la communauté, se manifestant de diverses manières, toutes aussi importantes les unes que les autres. Parmi ces expressions, on retrouve :
➔ Traditions et coutumes
Nouvel An traditionnel (70,9%) : Le Nouvel An Hmong est une période de réjouissances, de partage et de renouveau, célébrant le début d’un nouveau cycle.
Khi tes / Hu Plig (67,3%) : Ces rituels symbolisent la transmission des valeurs et des savoirs ancestraux.
Mariage traditionnel (67,3%) : Les cérémonies de mariage Hmong sont des événements colorés et festifs, célébrant l’union des familles et perpétuant les traditions.
Rituel funéraire (52,7%) : Les rites funéraires Hmong honorent la mémoire des ancêtres et accompagnent leur âme vers l’au-delà.
➔ Arts et expressions culturelles
Musique (69,1%) : La musique Hmong, riche et variée, utilise des instruments traditionnels tels que la flûte, le qeej (le lusheng, orgue à bouche), le xim xaus (vièle ou erhu) et le tambour
Chant (47,3%) : Les chants Hmong, souvent accompagnés d’instruments traditionnels, racontent des histoires, des légendes et des valeurs ancestrales.
Danse (47,3%) : Les danses Hmong, dynamiques et colorées, expriment la joie de vivre, la cohésion sociale et les liens avec la nature.
➔ Savoir-faire et transmission
L’histoire des Hmong (96,4%) : La connaissance de l’histoire du peuple Hmong, ses migrations, ses luttes et ses victoires, est essentielle pour forger l’identité et le sentiment d’appartenance.
Écriture et lecture (63,6%) : L’écriture Hmong, créée au XXème siècle, permet de préserver la langue et les traditions écrites.
Broderie : La broderie Hmong est un art traditionnel reconnu pour ses motifs complexes et colorés, souvent porteurs de symboles et de messages. Elle est transmise de génération en génération, préservant ainsi un savoir-faire unique.
L’évolution de l’identité Hmong en France : Entre tradition et assimilation
Les Hmong ont connu une migration importante vers la France au cours des dernières décennies. Cette migration a eu un impact profond sur leur identité, en particulier pour les nouvelles générations.
Comparées aux générations précédentes, les jeunes Hmong sont plus francisés et davantage adaptés à la culture française. La plupart d’entre eux ont des difficultés à comprendre, parler, lire et écrire le hmong. Cela s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’éloignement du pays d’origine des parents et l’immersion dans la culture française dès leur plus jeune âge.
Cette francisation croissante pose des défis aux jeunes Hmong dans la construction de leur identité. Tiraillés entre deux cultures, ils doivent trouver un équilibre entre leurs racines hmong et leur intégration à la société française.
La francisation de la nouvelle génération a également entraîné une méconnaissance de figures importantes de l’histoire hmong, comme le Père Yves Bertrais, qui a joué un rôle crucial dans la création de l’écriture hmong.
Préserver notre identité pour les générations futures
Un sondage récent révèle que 92% des Hmong interrogés considèrent la préservation de leur identité comme une question d’une importance capitale. Cette prise de conscience est particulièrement forte chez les moyennes générations, qui reconnaissent la nécessité de perpétuer et de transmettre la langue et la culture hmong aux générations futures.
Avant l’invention de l’écriture hmong par le Père Yves Bertrais dans les années 1950, la transmission des savoirs et de la culture se faisait uniquement par tradition orale et par broderie. L’écriture hmong a permis de fixer la langue et de faciliter son apprentissage, contribuant ainsi à la préservation de l’identité hmong.
Aujourd’hui, la francisation croissante des jeunes Hmong menace leur maîtrise de la langue et leur connaissance de la culture hmong. Il est donc crucial de mettre en place des initiatives pour les encourager à apprendre la langue hmong et à s’approprier leur héritage culturel.
Intégration et transmission culturelle
Un sondage réalisé auprès de la communauté hmong en France révèle que 87,3 % des répondants se sentent intégrés à la société française. Ils ont l’impression de pouvoir participer pleinement à la vie de leur pays et de s’épanouir dans leur vie personnelle et professionnelle.
Malgré leur intégration à la société française, les Hmong attachent une grande importance à la préservation de leur culture et de leurs traditions. 78,2 % des répondants au sondage ont exprimé le souhait de voir davantage d’initiatives pour transmettre la culture hmong aux nouvelles générations.
Le sondage a également recueilli des suggestions pour la transmission de la culture hmong. Parmi les propositions les plus fréquentes, on trouve :
Des groupes d’échanges
Un site internet
Des expositions avec ateliers
Des rassemblements pour les jeunes
Des rencontres et des discussions
Comment faire découvrir l’écriture hmong et son histoire aux jeunes générations ?
Les jeunes générations ont de plus en plus de difficultés à comprendre et à utiliser la langue et l’écriture Hmong. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment à la francisation croissante des jeunes Hmong et à l’absence d’outils pédagogiques adaptés.
Pour relever ce défi, il est important de tirer parti des nouvelles technologies, qui sont très populaires auprès des jeunes générations. Les réseaux sociaux, les vidéos courtes sur TikTok et les Réels peuvent être des outils puissants pour faire découvrir l’écriture hmong et son histoire de manière ludique et interactive. Des jeux éducatifs et des défis en ligne peuvent susciter leur intérêt et les inciter à en savoir plus sur l’écriture hmong.
Le recours à des influenceurs hmong populaires sur les réseaux sociaux peut également être un moyen efficace de toucher un large public de jeunes. Ces influenceurs peuvent partager leur passion pour l’écriture hmong et encourager leurs followers à en apprendre davantage.
Il est également important de mettre en avant des jeunes Hmong qui utilisent l’écriture hmong dans leur vie quotidienne. Cela permettra aux autres jeunes de s’identifier et de voir que l’écriture hmong est une langue vivante et pertinente.
II. QUELLE IMPORTANCE A LA RELIGION DANS MA VIE ?
Le sondage réalisé auprès de la communauté hmong en France révèle une diversité de croyances religieuses. Si la majorité des répondants (81,8%) se disent croyants, les confessions représentées sont variées. Le christianisme est la religion la plus répandue (63,6%).
La vaste majorité des répondants (76,4%) ont mentionné avoir déjà parlé de la foi et des traditions hmong à leurs enfants ou d’autres jeunes.
De nombreux jeunes Hmong expriment un sentiment de perte de repères en matière de religion. Ils observent un déclin de la pratique religieuse traditionnelle, notamment la baisse de la fréquentation des églises et la diminution de l’importance accordée aux rites et aux cérémonies. Ce phénomène peut s’expliquer par plusieurs facteurs, tels que l’éloignement des lieux de culte, le manque d’intérêt pour les pratiques religieuses traditionnelles et l’influence de la société sécularisée française.
Le mode de vie moderne, marqué par un rythme soutenu et des contraintes professionnelles et personnelles, laisse peu de place à la pratique religieuse pour les jeunes Hmong. Ils ont souvent du mal à concilier leurs obligations avec le temps nécessaire à la prière, à la participation aux services religieux et à l’engagement dans la communauté religieuse.
Malgré ces tendances, les jeunes Hmong ne sont pas nécessairement indifférents à la spiritualité. Ils expriment souvent une recherche de sens et une quête d’authenticité dans leur vie religieuse. Ils sont à la recherche de formes de spiritualité plus personnelles et adaptées à leur réalité de vie en France.
Face à ces changements, il est important de favoriser le dialogue intergénérationnel au sein de la communauté hmong. Les anciennes générations ont un rôle crucial à jouer dans la transmission des valeurs religieuses et culturelles aux jeunes. Il est également important de proposer des formes de pratique religieuse plus accessibles et adaptées aux besoins des jeunes Hmong.
Dissocier la religion des traditions hmong
Si la spiritualité et la religion jouent un rôle important dans la vie de nombreuses personnes, il est crucial de les distinguer des traditions culturelles. Cette distinction est particulièrement importante pour les Hmong, dont l’histoire et l’identité sont étroitement liées à leurs coutumes ancestrales.
L’arrivée des missionnaires chrétiens au sein des communautés hmong a marqué un tournant dans leur histoire religieuse. Si de nombreux Hmong se sont convertis au christianisme, ils n’ont pas pour autant abandonné leurs traditions et coutumes ancestrales. Ces traditions, profondément enracinées dans leur culture, continuent de rythmer leur vie quotidienne et de forger leur identité collective.
La coexistence de la religion chrétienne et des traditions hmong peut parfois engendrer des incompréhensions, tant au sein de la communauté hmong qu’à l’extérieur. Il est important de dissocier ces deux aspects pour éviter les amalgames et les jugements hâtifs.
La religion est un choix personnel et individuel. Il est important de respecter les croyances religieuses de chacun, quelles qu’elles soient. La conversion au christianisme ne signifie pas pour autant le rejet des traditions hmong. De nombreux Hmong chrétiens intègrent leur foi dans leurs pratiques culturelles, créant ainsi un riche métissage spirituel.
Les traditions hmong constituent des piliers essentiels de leur identité culturelle. Elles transmettent des valeurs, des savoirs et des pratiques ancestrales qui façonnent le mode de vie et la vision du monde des Hmong. Préserver ces traditions est crucial pour la survie de la culture hmong et le maintien de son caractère unique.
Dissocier la religion des traditions hmong est une nécessité pour mieux comprendre cette communauté et son identité riche et complexe. La coexistence de ces deux aspects ne doit pas être source de confusion mais plutôt d’enrichissement mutuel. En respectant les choix religieux de chacun tout en valorisant les traditions hmong, on contribue à la préservation d’un patrimoine culturel précieux et à la promotion du dialogue interculturel.
L’influence des changements socio-technologiques
L’influence du numérique sur la pratique religieuse des jeunes est complexe et multidimensionnelle. Elle présente des défis et des opportunités pour l’exploration spirituelle et la construction de communautés religieuses virtuelles. En favorisant l’accès à l’information, en respectant le libre choix et en proposant des outils discrets d’apprentissage, on peut accompagner les jeunes dans leur quête de sens et de spiritualité à l’ère du numérique.
III. COMMENT ADAPTER ET PERPÉTUER NOS TRADITIONS ET NOTRE CULTURE HMONG POUR L’AVENIR DE NOTRE IDENTITÉ HMONG DE DEMAIN
Défis à relever, s’engager pour l’avenir
Près des deux tiers des personnes interrogées (61,8%) ont déclaré être prêtes à s’impliquer en tant que bénévoles ou à témoigner lors d’événements religieux, culturels ou autres.
➔ Transmission de la langue et des traditions
Enseigner la langue hmong aux enfants, organiser des ateliers culturels, célébrer les festivals traditionnels, partager les savoir-faire artisanaux.
➔ Utilisation des outils modernes
Créer des sites web, des applications et des vidéos pour promouvoir la culture hmong, utiliser les réseaux sociaux.
➔ Évolution des traditions
Adapter certaines traditions aux réalités du monde moderne, promouvoir des valeurs compatibles avec les droits de l’homme.
« La passion Hmong » Texte finalisé de la conférence du Pasteur Philippe Chanson donnée dans le cadre de l’Exposition Père Yves Bertrais, Txiv Plig Nyiaj Pov Collégiale Saint-Aignan d’Orléans, les 7-8 septembre 2024 Organisée par l’Aumônerie catholique des Hmong de France Contribution également destinée aux Archives du Service National Mission et Migrations (Paris) et à la Pastorale des Migrants du Loiret (Orléans) Je reprends ici les trois questions qui m’ont été adressées sous le titre général « La passion Hmong », titre auquel j’avais beaucoup réfléchi pour en faire celui du livre que j’ai consacré au Père Bertrais1 , et dont je constate, au recul, qu’il fut finalement adéquatement choisi et si bien ressenti par et pour les lecteurs Hmong. Sans oublier de redire la joie éprouvée, en pensée avec mon épouse Christiane qui a si magnifiquement accompagné mon ministère auprès de Hmong de Guyane, de participer activement à ce week-end mis sur pied par l’Aumônerie catholique des Hmong de France, en mémoire de mon ami le Père Yves Bertrais.
Parlez-nous de vous et dites-nous comment vous avez connu le Père Bertrais ? J’ai rencontré le Père Bertrais finalement le plus naturellement du monde ! Après tout un cheminement qui m’amena du métier de dessinateur à celui de technicien architecte puis à une expérience concrète du travail de maçon sur les chantiers, un peu à la façon du Père Bertrais, j’ai répondu à l’appel de cette présence intérieure de Dieu, vécue non à l’âge de 12 ans comme le Père, mais à l’âge de 16 ans, pour entamer, après toutes ses formations, des études de théologie dans un Institut biblique, puis à la Faculté de théologie de l’Université de Genève. C’est là que ce sont dessinés mon intérêt et ma vocation – en sus de celle de Pasteur que j’ai exercé pour l’enseignement théologique et ce désir profond de s’engager comme envoyé d’Outremer, en mission, dans un pays où l’enseignement théologique était le plus défavorisé. Après bien des démarches avec mon épouse qui partageait pleinement ce projet, il s’est avéré que les églises protestantes de Guyane recherchaient un enseignant depuis plus de cinq ans. C’est ainsi que nous sommes partis en 1987 pour ce pays, avec nos deux filles, Fanny (3 mois) et Caroline (7 ans), pour mener, à Cayenne, la direction et le professorat de l’Atelier Guyanais de Théologie (AGT), un organisme interconfessionnel qui ne compta pas loin de 80 étudiants de toutes les tendances protestantes avec quelques étudiants catholiques intéressés. Or, comme avant notre arrivée notre mission avait desservi, par ses Pasteurs missionnaires, les communautés protestantes Hmong de Javouhey et de Cacao qui n’avaient pas de Pasteurs à l’époque, on m’avait demandé si, à côté de mon enseignement, je pouvais apporter pour le moins une aide pastorale ponctuelle pour ces églises protestantes Hmong. Ce que j’avais tout à fait accepté malgré ma surcharge, parce que j’avais beaucoup entendu parler de l’arrivée pas si facile des Hmong en Guyane 10 ans plus tôt, en 1977, et de leur extraordinaire courage et abnégation à s’implanter en pleine forêt vierge comme ce fut le cas au lieudit « Cacao ». Mais dès nos premiers contacts avec mon épouse et nos enfants avec les Hmong si accueillants et chaleureux, j’ai personnellement éprouvé des difficultés. Non pas tant à nous adapter à leur mode de vie que nous aimions et qui nous sortait de la routine de Cayenne, mais à bien appréhender leur culture traditionnelle en vue de pouvoir mener les célébrations dominicales et, surtout, savoir sur quel sujet et sous quelle forme apporter une homélie qui puisse les toucher et rejoindre leur façon de penser Dieu, la vie, leur monde et donc leurs préoccupations. C’est là que, ayant abondamment entendu parler du Père Bertrais qui était alors présent en Guyane depuis 1979, de sa mission, de son action, de son insertion et de son exceptionnelle connaissance des Hmong et de la langue hmong, il m’a paru alors tout à fait logique et naturel d’aller très rapidement le rencontrer, et ceci dès ma première année sur le sol guyanais. Et c’est avec beaucoup de bienveillance et même de joie que le Père Bertrais m’a accueilli, me disant d’emblée que c’était bien la première fois qu’un Pasteur de la mission protestante en Guyane prenait contact avec lui ! Ce que, de mon point de vue, je trouvais quand même très étonnant. Il s’ensuivit tout ce que vous savez, notre forte amitié, nos rencontres régulières lorsque je venais à Javouhey et à Cacao où je profitais d’apprendre et de collecter tout ce que je pouvais au sujet des Hmong, et aussi de sa part, dans notre foyer, lorsqu’il passait à Cayenne. Il est même venu à la remise des premiers diplômes de l’Atelier Guyanais de Théologie, qui fut un évènement exceptionnel réunissant près de 600 personnes de toutes les églises de Guyane. Voilà donc les épisodes qui ont scellé nos cheminements communs dont je voudrais encore soulever tout ce qu’ils m’apportèrent comme bénéfices décisifs pour ma vie et mon ministère. C’est ainsi que je voudrais sincèrement témoigner du fait que c’est vraiment Yves Bertrais qui m’a permis de repenser la mission sous un autre angle, avec un regard beaucoup plus inculturé, c’est-à-dire non en plaquant superficiellement l’Évangile sur la culture, en colonisant en quelque sorte gravement la culture de l’Autre, mais tout différemment : en laissant naître l’Évangile en profondeur dans et à partir de la culture, respectant totalement le lieu et le mode de vie de l’Autre sans le coloniser en lui imposant ses normes occidentales. « Le porteur de l’Évangile à un peuple […] a le devoir de chercher à rejoindre ce peuple dans sa façon de vivre, de parler, de penser », avait ainsi écrit Yves Bertrais à ce propos. Et ça c’est capital. En suivant le geste de l’incarnation du Christ qui déclenche toute la bonne nouvelle de l’Évangile, penser l’humain d’abord, soit faire droit en premier à l’anthropologie avant de passer directement à la théologie et non le contraire comme le pratiquent encore aujourd’hui malheureusement tant de mouvements du christianisme fondamentaliste et pentecôtiste. Et c’est d’ailleurs cette perspective à la fois anthropologique et théologique menée par le Père (qui privilégiait visiblement la réflexion anthropologique) qui m’a amené, dans cette trace-là, après mes années d’enseignement en Guyane, à faire un doctorat en anthropologie. Cela, à côté de mes découvertes du côté créole qui ont fait l’objet de ce doctorat, je le dois en grande partie à ce que m’a inspiré le Père Bertrais. Il faut remarquer que ce qui m’a aussi stimulé d’être à l’écoute attentive du Père était notre importante différence d’âge. Imaginez qu’il avait une trentaine d’années de plus que moi lorsque nous nous sommes rencontrés en 1987 ! Né en 1921, il avait 66 ans et pour moi, né en 1950, c’était l’année de mes 37 ans ! (celle-là même où le Père était arrivé à Kiu Katiam, ses premiers contacts avec les Hmong). Aujourd’hui j’ai 73 ans et je me rends compte, avec tout ce recul, que c’est très étonnant finalement que cette différence d’âge ne nous ait pas empêché d’être des amis. À vrai dire (bien que je ne le lui aie jamais dit), il était un peu comme un père et moi son fils qui écoutait ce qu’il pouvait m’enseigner par sa sagesse maturée de tant d’expériences missionnaires et de connaissances ethnologiques accumulées depuis près de quarante années auprès du peuple hmong. Et comme j’avais encore peu d’expérience ministérielle, c’est précisément ce qu’il me fallait : j’ai vécu comme un privilège de pouvoir mener tant d’entretiens avec lui, des entretiens dont je laisse d’ailleurs de larges traces tirées de mes cahiers de notes ainsi collectées dans le livre que je lui ai consacré. En exposant tout ceci, je voudrais encore partager un verset biblique particulier que j’ai reçu comme une parole de Dieu qui m’était particulièrement adressée et qui me paraît si bien conjuguer ma rencontre avec le Père Bertrais, c’est-à-dire ce qu’il a pu m’apporter, m’enseigner et m’orienter dans mon cheminement personnel, missiologique et anthropologique ; celui du Psaume 32 verset 8 : « Je t’instruirai, Je te montrerai la voie que tu dois suivre, Je te conseillerai, J’aurai le regard sur toi ». La rencontre d’un Pasteur protestant avec un Prêtre catholique : vous êtes vous-même devenu un passionné du Père Yves Bertrais ! Je pense qu’il faut scinder cette question en deux parties : celle du pourquoi et comment d’une telle rencontre entre un Père catholique et un Pasteur protestant, qui relève d’une interrogation, et celle de la question du ressenti passionnant que j’ai éprouvé pour le Père Bertrais, qui peut prendre un point d’exclamation. 2.a. La rencontre d’un Pasteur protestant avec un Prêtre catholique ? Je prends la première partie qui soulève l’interrogation de notre rencontre. En effet, sur place, en Guyane, cette rencontre doublée de notre connivence mutuelle, très visible, a souvent suscité de l’étonnement autant chez les catholiques que chez les protestants, précisément parce que nous provenions de deux branches du christianisme que l’on a trop souvent mis en opposition à cause de l’histoire même. Comment un Prêtre catholique et un Pasteur protestant ont-ils pu être tellement proches jusqu’à devenir amis ? Je peux ajouter que c’était une question d’autant sensible en Guyane que – comme je l’ai déjà évoqué – il n’y avait pas eu jusque-là de contact pastoral et communiel entre les communautés catholiques et protestantes tant à Javouhey qu’à Cacao ; bien que je doive préciser que, socialement, les individus des deux bords chrétiens habitant ces mêmes villages se côtoyaient naturellement, se respectaient et s’appréciaient. La raison – dont nous avions parlé ouvertement avec Yves Bertrais – en était que la mission évangélique de la CMA (Christian and Missionary Alliance) qui missionnait les Hmong au Laos, de type fondamentaliste, n’était résolument pas œcuménique, considérant même – selon leurs perspectives – les catholiques comme devant être évangélisés ! Ce qui n’était pas le cas du côté catholique envers les protestants. C’est une sorte de méfiance qui non seulement pesait à Yves Bertrais comme il me l’avait confié, mais qui s’était rapportée en quelque sorte en Guyane, et ce d’autant plus que les Pasteurs missionnaires de Suisse qui m’avaient précédé, d’un courant évangélique assez similaire à la CMA et pourtant au courant de l’action et de l’importance du Père Bertrais pour la venue des Hmong en Guyane, n’avaient donc jamais pris contact avec les Prêtres missionnaires catholiques, que ce soit avec les Pères Charrier, Sion ou Bertrais. Ce qui explique la surprise d’Yves Bertrais lorsque je suis venu me présenter pour le rencontrer. En fait, il s’avérait que nous étions tous le deux très œcuméniques. Le Père Bertrais me disait consulter les livres et commentaires théologiques protestants pour enrichir ses propres ouvrages de pastorale et d’études bibliques destinés aux Hmong, et c’était aussi le cas pour moi dans mon enseignement à Cayenne où j’utilisais nombre de sources théologiques catholiques. De surcroît, j’étais un professeur de théologie engagé dans la même mission que les Pasteurs me précédant, mais qui ne faisait pas partie du même sérail protestant évangélique. De par mes études à la Faculté de théologie officielle de l’Université de Genève (bastion du protestantisme calviniste), j’étais plongé dans le bain du protestantisme réformé, c’est-à-dire celui des dites « Églises historiques » issues de la Réforme, tout à fait ouvertes à l’œcuménisme. Donc cela me paraissait normal de prendre contact avec le Père dont j’avais beaucoup entendu parler par les Hmong eux-mêmes comme étant non seulement à l’origine de la traduction de la Bible en hmong – et compte tenu que cette traduction avait paradoxalement, sous l’initiative et l’impulsion d’Yves Bertrais, abouti à un travail linguistique de portée œcuménique grâce aux contacts pris avec le Pasteur Lindwood Barney et le linguiste protestant William Smalley pourtant proches de la CMA3 –, mais aussi effectivement à l’origine, avec les Pères René Charrier et Jacques Brix, de l’arrivée des Hmong en Guyane; autant d’ailleurs des catholiques que des protestants et des animistes, une sélection de contingentement voulue et exigée par le Père Bertrais.
2.b. Vous êtes vous-même devenu un passionné du Père Yves Bertrais ! Quant à la deuxième partie de la question qui prend un point d’exclamation, à savoir si je suis devenu un passionné du Père Bertrais, je préciserais d’entrée que je ne suis pas tant devenu un passionné du Père lui-même, de sa personne (ce qui ne serait pas loin d’être de l’idolâtrie !), bien que j’aie toujours été admiratif et frappé par sa personnalité remarquable à tant d’égard, que passionné par la passion contagieuse du Père. Ce qui est une nuance très importante. Passion d’ailleurs que l’on peut prendre dans les deux sens que nous offre le terme : sa passion affective et intellectuelle réelle, intense et entière pour les Hmong – quoiqu’émotionnellement très maîtrisée et non pas irrationnelle, impulsive et irraisonnée comme peuvent l’être les grandes passions destructrices par exemple –, et ceci d’entrée pour les Hmong de Kiu Katiam qui l’avaient immédiatement adopté et que lui-même avait totalement adopté en retour en se sentant de suite à l’aise dans le vécu coutumier et leur mode de vie (comme je l’évoque avec ses propres mots dans le livre Yves Bertrais. La passion Hmong), mais aussi avec leur langue qu’il apprit assidument et pratiqua excellement avec le bénéfice que l’on sait : celui d’aboutir au tout premier Dictionnaire Hmong-Français. C’est une passion du reste qui l’amena, comme vous le savez, à monter et mener, en parallèle à la Collection Pastorale Hmong, toute cette immense Collection Patrimoine Culturel Hmong forte aujourd’hui d’une centaine d’ouvrages. Mais il y a aussi sa passion au sens de l’étymologie latine du mot, celui de passion, qui signifie « souffrance », un mot lui-même apparenté au grec pathos qui a un peu le même sens que souffrance, celui d’épreuve. Or, nous savons bien que c’est ce vocable « passion » qui a été historiquement utilisé pour désigner la période pré-pascale marquée par les souffrances du Christ. C’est pourquoi, quand j’écris La passion Hmong en parlant du Père Bertrais, je pense aussi à sa passion christique en quelque sorte, soit de celle qui peut accompagner les ministères de nombreux Prêtres et Pasteurs. Ce qui fut le cas du ministère du Père qui a été marqué par cette forme de passion sacerdotale et spirituelle. On ne peut en effet cacher que ses relations avec les Hmong n’ont pas toujours été si faciles qu’on veut bien l’imaginer. Pour le dire carrément, le Père m’a un jour confié qu’il a dû parfois – selon l’expression populaire qu’il avait littéralement utilisée – « avaler pas mal de couleuvres » avec les Hmong ; comme aussi « avaler pas mal de couleuvres » dans l’exercice de son ministère, soit des déceptions, des difficultés et des écueils démoralisants qui l’obligèrent à constamment repenser, réadapter, rebâtir ses orientations, bien souvent à cause de la situation et des évènements politiques dramatiques. Or, le fait qu’il ait pu toujours surmonter ces épreuves, ce combat de la foi, pour la foi, par la force de son caractère doublée de celle de sa passion mise au service du Christ et de sa confiance en Dieu (« con-fiance » et foi, tirés de l’ancien mot fiance – qui a d’ailleurs donné fiancés et fiançailles – sont liés), portée de surcroît par la prière et la liturgie quotidienne qu’il s’imposait chaque jour aux petites heures du matin, c’est cela qui m’a toujours subjugué. Je le redis : j’ai été passionnément marqué par cette double passion du Père, celle affective et intellectuelle pour les Hmong auxquels il consacrait toute sa vie, et celle sacerdotale et spirituelle suivie et vécue dans les traces souffrantes du Christ avec lequel il avait scellé sa vie.
Racontez-nous l’écriture de votre livre Yves Bertrais. La passion Hmong… L’écriture du livre Yves Bertrais. La passion Hmong, dont il est nécessaire de rappeler aussi le sous-titre qui appuie d’avance une bonne part de ma réponse, à savoir Un des derniers missionnaires-anthropologues du XXe siècle, est venue pour le moins de quatre facteurs. Le premier est que, passionné – comme je viens de l’expliquer – par l’aventure, le travail et la posture missionnaire si ouverte du Père Bertrais, j’avais déjà écrit plusieurs contributions à son sujet, dont tout d’abord sa toute première biographie officielle destinée aux Archives de la Maison Générale des Missionnaires Oblats sise à Rome . C’est une biographie que j’avais petit à petit rédigée à partir de tout ce que le Père m’avait raconté à propos de sa vocation, de sa formation, de son sacerdoce et de son terrain missionnaire auprès des Hmong du Laos, et aussi à partir d’un tout petit CV minimaliste de 2 pages polycopiées que le Père m’avait confié mais qu’il ne gardait que pour lui-même. En réalité, j’avais rédigé cette première biographie « en douce », pour lui en faire la surprise. Je me rappelle la lui avoir présentée sous une forme manuscrite lors d’une visite dans son presbytère de Javouhey. Il en avait été non seulement très surpris et très touché, mais en avait approuvé le contenu en me proposant quelques corrections pour être au plus juste. Plus encore, il m’avait alors proposé de la dactylographier lui-même et de la mettre en forme sur son ordinateur (je n’en avais pas à l’époque) pour qu’elle puisse parvenir à la Maison mère des Oblats à Rome (dont il m’avait donné l’adresse). En fait, tout est parti de cette première biographie, non seulement pour le livre, mais pour le Père lui-même, car c’est elle qui a fait singulièrement connaître et « ressortir » (au sens d’attirer l’attention) en quelque sorte sa vie et son ministère singulier parmi ceux des milliers de missionnaires de la Congrégation. Et d’autant qu’elle ne venait pas de lui, mais d’un Pasteur protestant ! Il s’est passé qu’elle avait été lue et appréciée par le Supérieur Général des Oblats lui-même, le Père Zago, qui me le partagea très fraternellement dans un précieux courrier et qui, dans la foulée, écrivit même un très bel article sur le Père Bertrais tant il fut frappé par la méthode inédite « d’inculturation linguistique » qu’il employait dans l’exercice de sa mission auprès des Hmong (j’en parle dans le livre Yves Bertrais. La passion Hmong), et que, finalement, ce texte étant parvenu aux oreilles de Noël Leca, l’éditeur-rédacteur de la très belle revue missionnaire Oblat Pôle et tropiques – une revue qui a hélas disparu aujourd’hui –, il fit la une d’un numéro spécial de cette revue, superbement illustré de photos (que n’avait pas la première biographie). C’était un numéro de grande diffusion internationale qui avait été tiré, sauf erreur, à 6000 exemplaires, et il faut franchement dire que c’est ce qui fit vraiment connaître le Père Bertrais à l’international. Parce que du coup, ce texte circula aussi en traduction anglaise, notamment dans la revue de recherches missiologiques interuniversitaires Exchange11, ce qui multiplia son impact. C’est du reste à partir de cette large diffusion de l’évocation de sa vie et de son ministère que le Père Bertrais a été plus sollicité par des revues missionnaires – lui pourtant si disert – pour s’exprimer cette fois de sa plume sur sa vocation et son travail. Un bel exemple en est l’article qu’il a produit pour l’importante revue Omnis Terra . Mais ceci dit, pour ma part, et particulièrement pour honorer la mémoire du Père après son décès, j’ai encore eu l’occasion d’exposer et de synthétiser sa passion et son action comme de souligner les traits les plus saillants de sa personnalité, notamment dans la revue Histoire et Missions Chrétiennes – un article qui a d’ailleurs été repris en annexe dans le livre de René Charrier, En chemin avec le peuple Hmong. Et puis j’avais encore saisi la possibilité de parler d’Yves Bertrais lorsque je pus traiter de la question de la perception et du nom de Dieu chez les Hmong lors d’un colloque du Centre de Recherches et d’Échange sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (le CRÉDIC). Cette contribution qui fut éditée dans les Actes de ce colloque avait été travaillée sur la base de tout ce qu’il m’avait confié de lectures possibles et d’informations à ce sujet. J’avais donc déjà pas mal d’éléments écrits et collectés en sus directement auprès du Père, et donc de première main, mais je n’avais pas encore pu totalement exploiter tout ce matériau qui attendait son heure… Mais le deuxième facteur qui fut finalement décisif pour écrire ce livre, Yves Bertrais. La passion Hmong, son déclencheur en quelque sorte, se trouva être la demande des directeurs du monumental Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques publié en plusieurs tomes par les Éditions belges Brepols, me sollicitant (sur la base des articles que j’avais rédigés et donc sur ma connaissance du Père) pour écrire deux très grosses contributions de plusieurs pages, non seulement sur le Père Bertrais, mais aussi sur le Père René Charrier. Comme il s’agissait d’un Dictionnaire prestigieux qui exigeait d’être très précis, cette double rédaction m’avait demandé un travail tellement assidu et énorme que m’est alors venue l’idée de le faire fructifier en le poussant encore plus loin sous la forme d’un livre illustré qui pourrait reprendre et amplifier largement, pour une première partie biographique, les contributions de ce fameux Dictionnaire et, pour une deuxième partie plus ethnographique, à l’aide de tout le matériau collecté encore non exploité, tout un travail supplémentaire touchant la donation des noms chez les Hmong (dont a bénéficié le Père), la question de Dieu dans les légendes et récits traditionnels Hmong, et encore le mariage coutumier chez les Hmong sur la base d’un Chant de mariage que m’avait un jour confié le Père – rappelant qu’il mena avec succès un diplôme d’ethnographie sur ce thème à l’Université Paris-Sorbonne, sous la direction et les félicitations d’un anthropologue très réputé : Georges Condominas. C’est hélas un travail qui ne fut jamais édité et qui n’existe qu’en nombre restreint d’exemplaires ronéotypés Un troisième facteur me poussant à publier ce livre était de faire connaître aux missiologues la posture missionnaire aussi inédite que résolument anthropologique préconisée et mise en œuvre par Yves Bertrais. Une posture d’abord inédite et innovante par les perspectives qu’offraient sa façon de concevoir l’inculturation de l’Évangile par le biais de la linguistique comme l’avait si bien mis en évidence la Père Zago dans l’article que je viens d’évoquer ; par exemple en réutilisant des mots et des expressions proprement hmong qu’il n’hésitait pas à puiser même dans les interventions chamaniques collectées au lieu d’en adapter à partir du français, dans les liturgies et les prières comme aussi pour transcrire le mot « Dieu » en visant à être au plus proche de la perception comme de la pensée hmong. Et puis une posture résolument anthropologique en tant que totalement ouverte à la compréhension et surtout à la prise en compte objective et positive des fonds et des pratiques religieuses traditionnelles (animistes et chamanistes) s’exerçant chez les Hmong. Je désirais vraiment que cela fut connu et mis en exergue certes pour les missiologues, mais aussi pour les anthropologues si souvent trop critiques envers les missionnaires, histoire de leur démontrer qu’il y avait aussi des figures missionnaires muées si utilement en anthropologues ; à preuve que les anthropologues eux-mêmes utilisaient à profusion les matériaux collectés, dont ceux du Père Bertrais comme je m’en suis aperçu au cours de mes nombreuses lectures ! C’est ce que j’ai d’ailleurs voulu souligner par le sous-titre même de ce livre : Un des derniers missionnaires-anthropologues du XXe siècle… Enfin, le quatrième facteur de mon exigence à éditer ce livre, c’est mon affection et, plus encore, mon amour pour le peuple Hmong – en l’occurrence principalement celui originaire du Laos et sa part réfugiée en France, c’est-à-dire vous-mêmes ! – dont je désirais vraiment qu’il puisse garder une trace écrite de son histoire liée à celle du Père Bertrais ; tellement j’avais été frappé de l’importance de la figure du Père lors de ses exceptionnelles obsèques suivies par près de 2000 Hmong et si marquées par la présence internationale de la diaspora Hmong. Rappelons nous ici l’émouvante cérémonie des couronnes apportées par des représentants de toutes les diasporas Hmong, tellement frappante. Bref, je me sentais presque un devoir de scripter tout cela une bonne fois pour toute en mettant enfin à profit tout ce qui « dormait » encore de mes collectes. Ce que m’avait d’ailleurs rappelé le Père Charrier m’écrivant, en substance, suite au décès d’Yves Bertrais, qu’il fallait vraiment faire connaître toute son histoire. Non seulement pour honorer la mémoire du Père, mais autant pour les anciennes que pour les futures générations hmong, tant par ce livre, je désirais et désire toujours ardemment que vous, mes chers Hmong, vous puissiez recueillir, emporter et marcher sur les traces exemplaires laissées par le Père Bertrais. Ce que disaient déjà vos anciens : « Une génération ne dure qu’une génération. De celui qui vit, on l’écoute et on met en pratique. De celui qui part, on recueille et emporte pour marcher sur ses traces ».